Laissant de côté les représentations de la Vierge Marie, le tableau de saint Grégoire et le gisant de Saint Guillaume nous nous attarderons sur les six statues en bois qui représentent toutes des hommes. La liturgie de la Toussaint nous donne d’entendre le sens de leurs présences dans l’église dans une prière qui s’adresse à Dieu le Père en ces termes : « (…) tu es glorifié dans l’assemblée des saints : lorsque tu couronnes leurs mérites, tu couronnes tes propres dons. Dans leur vie, tu nous procures un modèle, dans la communion avec eux, une famille et dans leur intercession, un appui ; afin que soutenus par cette foule immense de témoins nous courrions jusqu’au bout de l’épreuve qui nous est proposée et recevions avec eux l’impérissable couronne de gloire (…) »[1]
[1] Extrait de la 1ère préface des saints du Missel Romain
Mais que nous disent finalement ces figures de la foi et de l’Église
Datant de la fin du XVIe siècle et presque invisible du fait de la luminosité de la baie devant laquelle elle a été placée, la première statue se trouve dans l’axe de la cathédrale, au niveau du triforium du chœur. Elle représente Étienne, premier martyr de l’Église et saint patron de la cathédrale Avec lui, nous avons le modèle du croyant qui ne renie pas sa foi dans le Christ mort et ressuscité. Les bras largement ouverts, les mains ouvertes et les yeux levés vers le ciel, cette statue pleine de lyrisme et d’envolée se veut ainsi placée comme un signe de l’espérance des fidèles en la résurrection.
Dans le transept sud, sur le mur qui fait face à une des portes d’entrée dans la cathédrale, vous pouvez voir la petite statue de St Yves daté du XVIe siècle. Il est normal de trouver le saint patron de la Bretagne dans les églises de notre diocèse, mais ce qui frappe ici c’est la petite taille et la sobriété de la représentation. Sans emphase la statue nous propose le visage de la sérénité et la paix intérieur que provoque la joie de la mission accomplie.
Les statues de saint Jean et de saint Thomas d’Aquin quant à elles se trouvent aussi dans le transept sud. Datée du XIXe siècle elles accompagnent le vitrail sur l’eucharistie dans lequel ils sont tous deux aussi représentés. Saint Thomas y est ainsi à côté de l’hostie consacré vers laquelle procession des prélats dans la partie centrale du vitrail et Saint Jean s’y retrouve au côté de Jésus dans les représentations de la multiplication des pains et de la Cène. Les saints qui nous sont donnés comme des modèles de la confiance en la Parole de Dieu et en la tradition de l’Église, nous rappelle aussi que croire nous fait communier à l’eucharistie qui nourrit spirituellement notre vie de fidèles du Christ afin de nous rendre capable de faire la volonté du Père avec l’aide de l’Esprit Saint. C’est faire notre cette Parole du Christ. « Jésus leur dit : ʺMa nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.ʺ» (Jn 4, 34).
Enfin les deux dernières statues sont celles de Saint François de Sales et saint Vincent de Paul. Elles se trouvent sur le mur qui fait face au retable de l’annonciation. Tous deux ont été reconnus pour l’amour et la charité qu’ils ne manquaient pas de donner à leurs prochains. Leurs statues réalisées par le sculpteur Yves Corlay au XVIIIe siècle, nous les montre tous les deux, dans une attitude qui exprime la confiance et l’abandon à Dieu. Les yeux levés vers le ciel. Leurs visages expriment la joie et leurs lèvres sourient légèrement. Saint Vincent de Paul a les bras qui s’écartent du corps une main ouverte et l’autre qui tient un bréviaire. Quand à St François de Sales on pourrait le croire en train de prononcer son acte d’abandon : « Quoiqu’il arrive… je vous aimerai Seigneur, au moins en cette vie s’il ne m’est pas permis de vous aimer dans la vie éternelle… et j’espérerai toujours en votre miséricorde. ». C’est cette liberté intérieure, du saint en prière que le sculpteur a voulu traduire dans la matière.
CDAS Joëlle Delfino