Avec le Motu proprio Aperuit illis et l’institution du Dimanche de la Parole de Dieu, le pape François nous donne, chaque année, l’occasion de réfléchir sur la place centrale de la Parole de Dieu et ainsi de méditer aussi sur la place du Christ au milieu de son peuple.
Dans le prologue de l’évangile de saint Jean nous pouvons lire : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. […] Et le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 1. 14) Ce qui permet à Saint Jérôme d’écrire au IVe siècle : « Ignorer les Écritures c’est ignorer le Christ »[1]. Il est vrai que l’un des derniers gestes accomplis par le Seigneur ressuscité, avant son Ascension, c’est d’ouvrir l’intelligence de ses disciples aux écritures et à tous ce qui le concernait, et ceci avant même de rompre le pain avec eux.
Selon Christoph Theobald, le concile Vatican I, à travers la constitution dogmatique Dei Filius, conçoit la Révélation sur le modèle d’une instruction : Dieu informe les hommes des vérités qu’ils ne peuvent découvrir par eux-mêmes. Mais avec Dei Verbum, le concile Vatican II quant à lui, privilégie le modèle de la communication. La relation entre Dieu et les hommes a davantage la forme d’un dialogue[2]. Ce qui remet en valeur l’herméneutique et la théologie. Parallèlement à cette constitution sur la Parole de Dieu, la liturgie du concile Vatican II a voulu donner un nouvel espace spécifique et particulier pour le pupitre de la Parole appelé l’ambon. En le plaçant face à l’assemblée et devant l’autel l’Église a voulu dire dans l’espace quelque chose de ce dialogue. Dans les années 1970 la Présentation Générale du Missel Romain, précisera « la dignité de la parole de Dieu requiert qu’il existe dans l’église un lieu qui favorise l’annonce de cette Parole et vers lequel, pendant la liturgie de la parole se tourne spontanément l’attention des fidèles. »
C’est pourquoi en 2008 lors du réaménagement du chœur de la cathédrale,
la place de l’ambon et le dessin de celui-ci ont été choisi avec le plus grand soin par le Père Le Gal et le Frère Le Doré. Comme pour tout beau mobilier liturgique, ils ont su allier la noblesse du bois à la simplicité de la forme qui permet de mettre en valeur le lectionnaire et l’évangéliaire. La forme du plateau tel un livre ouvert est une invitation à l’ouvrir son cœur et son esprit pour se mettre à l’écoute de la Parole. Aucune image, aucun mot ne s’impose à nous, mais simplement trois lignes verticales soutiennent le plateau, comme les trois personnes de la Trinité qui ont inspiré les textes Bibliques et inspirent encore l’homélie du prêtre et la prière universelle. Il n’est besoin de rien d’autre si ce n’est encore de cet emmarchement dont la courbe disparaît pour permettre à l’ambon de s’installer face aux fidèles de la nef. Il n’est pas besoin de plus, l’ambon n’est pas là pour offrir une distraction à notre regard. Tout comme le lecteur il doit se faire oublier pour se mettre au servir de la Parole de Dieu. Ce n’est qu’à cette condition que le Christ « est là présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures. » et « lorsque l’Église prie et chante les psaumes, lui qui a promis : « Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20). »[3]
[1] Saint Jérôme, Commentaire sur Isaïe, Prologue, (PL 24, 17).
[2] Christoph Theobald, La Révélation, Editions de l’Atelier, 2001, p40-41.
[3] Sacrosantum Concilium N°7
CDAS Joëlle Delfino